Origine et particularités du Bassin d’Arcachon

Le Bassin d’Arcachon

Avec une superficie qui oscille entre 174km² à marée haute et 60 km² à marée basse, le Bassin d’Arcachon représente une large échancrure du littoral aquitain. Son caractère lagunaire abritant une faune et une flore spécifiques, associé à l’occupation humaine, lui confère une grande diversité paysagère : plages et bancs sableux, estrans sablo-vaseux, vaste réseau de chenaux et d’esteys, polders, parcelles ostréicoles.

Par sa mobilité et son altitude relativement basse, le patrimoine naturel et humain du Bassin d’Arcachon est particulièrement exposé aux aléas côtiers tels que l’érosion marine, la submersion marine et la migration dunaire qui représentent une problématique au cœur des préoccupations des acteurs locaux du littoral.

Origine et particularités du Bassin d’Arcachon

Actuellement milieu lagunaire, le Bassin d’Arcachon provient de la migration vers le sud de l’estuaire de L’Eyre lors de la transgression Flandrienne (- 14 000 à – 5 000 ans BP [1]). L’allongement progressif vers le sud de la flèche sableuse du Cap-Ferret a contribué à l’isolement de la lagune en lui donnant sa caractéristique forme triangulaire depuis un millier d’années. Cette configuration semi-fermée lui confère une zone d’embouchure vers l’océan Atlantique et une zone d’estuaire intérieur. Le régime des marées y est méso-tidal [2] avec une dissymétrie de 20 à 30 min en mortes-eaux (quasi-symétrie en vives-eaux).

Au cours des derniers siècles, les cartes topo-bathymétriques témoignent d’une variabilité géomorphologique qui se traduit entre autre par des phases d’avancée et de recul de la flèche sableuse ainsi que par une grande mobilité de l’estran [3] et du réseau hydrographique (système de chenaux et d’esteys) associées, en fonction des secteurs, à des phénomènes d’érosion marine ou d’exhaussement des fonds.

L’embouchure du Bassin d’Arcachon

L’embouchure du Bassin d’Arcachon s’étend à l’est de l’axe Arcachon – Bélisaire (axe est-ouest de 3 km environ) jusqu’à la limite ouest des très mobiles bancs de sable. Sur l’axe nord-sud, de la Pointe du Cap-Ferret à la Pointe d’Arcachon, les bancs de sable s’étendent sur 10 km de large. Ils sont entaillés par plusieurs chenaux dont les principaux sont nommés les « Passes » (en 2017, seule la passe Nord est balisée et navigable). D’un point de vue morphologique, ces bancs de sable correspondent au delta de marée caractérisé par des bancs dits « de flot » (en particulier le Banc de Bernet) et de « jusant » (Arguin, Toulinguet notamment).

Large ouverture sur l’océan, l’embouchure du Bassin d’Arcachon connaît des conditions d’agitation particulièrement dynamiques. Combinant les effets de la houle et des courants de marée, les mécanismes qui contrôlent les transits sédimentaires sont particulièrement complexes dans cette embouchure. La grande mobilité du système de bancs de sable et de chenaux est associée à une érosion marine chronique des rives nord (Pointe du Cap-Ferret) et sud (plages de Pyla-sur-mer jusqu’au Petit Nice) depuis plusieurs dizaines d’années même si par le passé des phases de répit voire d’accrétion sont connues.

Dans le cadre de l’Observatoire de la Côte Aquitaine, des suivis topographiques (DGPS, LIDAR) ainsi qu’une expertise morpho-dynamique sur le terrain sont réalisés annuellement au printemps ainsi qu’après chaque évènement de tempête hivernale. Une meilleure compréhension des mécanismes contrôlant la dynamique hydro-sédimentaire représente un intérêt autant pour la gestion de l’érosion marine à l’embouchure que pour la gestion des problématiques internes à la lagune (exhaussement des fonds, creusement des chenaux, érosion des plages, morcellement du schorre, etc.).

Vue aérienne du Bassin d’Arcachon
Crédit photo : Observatoire de la Côte Aquitaine, Olivier Chaldebas, ULM Sud Bassin, 2016

Les Prés salés

Crédit photo : Observatoire de la Côte Aquitaine {JPEG}

Les prés salés (ou schorre) correspondent à une zone de l’estran immergée uniquement lors des plus forts coefficients de marée. Ils sont occupés par plusieurs étages de végétation qui sur le Bassin témoignent de la faible pente de l’estran. Les plus développés se trouvent en amont de la lagune, entre Arès (réserve naturelle des prés salés) et La Teste-de-Buch, englobant le delta de L’Eyre.

Véritables témoins du bon état écologique du milieu, les prés salés du Bassin d’Arcachon, habités par une flore et une faune spécifiques, connaissent par endroit un morcellement et une régression induits par une combinaison de facteurs naturels et anthropiques dont une meilleure compréhension est impérative.

Crédit photo : Observatoire de la Côte Aquitaine {JPEG}

Le maintien du rôle de zone tampon du schorre entre les milieux terrestre et marin est indispensable autant pour son intérêt écologique que pour son rôle d’atténuation des aléas côtiers. En période de tempête, la végétation et les hauts fonds amortissent l’agitation marine offrant ainsi une protection des enjeux contre l’érosion et la submersion marines. Dans le cadre de l’Observatoire de la Côte Aquitaine, le suivi de l’évolution des prés salés est réalisé essentiellement à partir d’une campagne annuelle de photographies aériennes qui est complétée par endroit par des profils topographiques DGPS.

Activités humaines

Ostréiculture, pisciculture, pêche à l’anguille, chasse à la tonne, forêt usagère, tourisme et plaisance… représentent des activités humaines qui ont fortement contribué à l’évolution géomorphologique de la lagune en s’implantant sur l’estran et le cordon dunaire. Avec un impact paysager fort, ces activités représentent un riche patrimoine culturel menacé par les aléas côtiers.

Vue aérienne sur Pyla-sur-Mer et la Villa Téthys
Crédit photo : Observatoire de la Côte Aquitaine, Olivier Chaldebas, ULM Sud Bassin

Par exemple, les parcelles et le matériel ostréicoles installés sur les crassats (nom local pour slikke) sont exposés à des problèmes d’ensablement par endroit ainsi qu’à des désordres lors de fortes conditions d’agitations météo-marines. De même, lors de ces fortes conditions d’agitation, les digues des anciens prés salés poldérisés au XVIIIème siècle sont exposées à une érosion marine pouvant conduire à des brèches. C’est ainsi que certains domaines endigués tels que l’île de Malprat ou le domaine de Graveyron retrouvent progressivement un caractère marin par endroit modifiant l’intérêt écologique qu’ils représentent aujourd’hui.

L’imagerie aérienne et spatiale est un outil qui a été testé dans le cadre de l’Observatoire de la Côte Aquitaine afin de suivre l’évolution del’état du domaine public maritime, notamment pour des objectifs de gestion et d’entretien des parcelles ostréicoles. De plus, une large base d’images aériennes de l’estran est disponible et alimentée annuellement. Certains secteurs font l’objet de mesure DGPS ponctuelles en fonction des besoins d’avis techniques de l’Observatoire de la Côte Aquitaine (bassins endigués, plages, prés salés par exemple).

Vue aérienne sur Lège-Cap-Ferret et ses parcs à huitres
Crédit photo : Observatoire de la Côte Aquitaine, Olivier Chaldebas, ULM Sud Bassin, 2016

La Dune du Pilat

Large de 500 m et longue de 2,7 km du nord au sud, la grande dune du Pilat culmine à 109 m de hauteur en 2016. En raison de ces dimensions qui la classent parmi les plus grandes dunes d’Europe, la dune du Pilat représente un patrimoine environnemental, culturel et scientifique pour le Bassin d’Arcachon. Ce site emblématique fait l’objet d’une attention particulière afin d’analyser son évolution récente caractérisée par une érosion marine sur sa façade océanique (plage de la Corniche par exemple) et par une migration dunaire vers l’intérieur des terres de son linéaire côté forêt.

Crédit photo : Observatoire de la Côte Aquitaine / Florent Hennequez

Dans le cadre de l’Observatoire de la Côte Aquitaine, un suivi topographique spécifique a été mis en place depuis 2009. Il s’agit de levés DGPS de la crête de dune, de plusieurs profils transversaux ainsi que du pied de dune. Associés à d’autres types de données topographiques (LIDAR et spectrophotogramétrie par exemple), la constitution d’une base de données suffisamment longue dans le temps, permettra d’avoir une vision en 3 dimensions de l’évolution de la dune, d’identifier les déplacements de volume de sable plus précisément pour ainsi améliorer la compréhension et la prédiction de son évolution.

Vue aérienne sur le site de la Corniche en bas de la dune du Pilat
Crédit photo : Observatoire de la Côte Aquitaine, Olivier Chaldebas, ULM Sud Bassin, 2016